Entrepreneurs, connaissez-vous réellement votre rentabilité ?
11 mars 2021Témoignage de Marc Roussel, DG de Gauthier Lamellé Collé
2 juillet 2021Face à la maladie ou devant les difficultés de notre entreprise, nous réagissons de manière identique. Mais les 3 réactions possibles se déclenchent à des moments différents. Voici le « quand, pourquoi et comment ».
A l’occasion d’une récente hospitalisation, je me suis questionné sur les actes que nous avions face à la maladie.
Je ne suis ni médecin ni psychologue. Je ne dispose d’aucune compétence particulière en matière de santé. Pourtant, les deux questions suivantes m’ont parues tout à fait intéressantes :
- Quelles sont nos réactions aux symptômes ?
- Quels sont nos comportements de prévention ?
Et puisque j’ai vécu ce qu’est une entreprise dans le rouge, l’analogie entre les réactions face aux signes de la maladie et nos réactions de chef d’entreprise face aux difficultés s’est imposée à moi immédiatement.
J’ai trouvé intéressant d’illustrer cet article par quelques citations tirées de la pièce « Knock », de Jules Romains (1).Quand quelqu’un se sent malade, va-t-il spontanément consulter un médecin ?
1ère réaction : attendre l’extrême limite
« Leur tort, c’est de dormir dans une sécurité trompeuse, dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie »
Knock
Qui n’a pas entendu un proche lui dire : « Ça passera » ou « Moi, je ne consulte pas, et je n’irai à l’hôpital qu’au dernier moment ». Et ce n’est qu’à l’extrême limite qu’il ira consulter.
Effectivement, il y a les cas de ceux qui n’ont pas perçu de signes, qui ne savent pas que ce sont des symptômes.
Il y a aussi ceux qui ne veulent pas prendre en compte ces indications…
Moi-même aussi, alors que je suis habituellement adepte de la prévention et de réflexes de prudence, il m’a fallu quelques jours pour accepter que les désagréments que je ressentais n’étaient pas normaux, et qu’il fallait consulter. Bien m’en a pris, l’hospitalisation a permis de les traiter en temps utiles et sans séquelles.
2ème réaction : consulter spontanément
« Ne confondons pas : est-ce que ça vous chatouille ou est-ce que ça vous gratouille ? »
Knock
Les symptômes sont détectés et pris en compte. Le patient va consulter un médecin. Il peut :
- Recevoir des conseils pour faire face à une situation de faiblesse passagère ou de fatigue
- Se faire délivrer quelques médicaments pour lui permettre d’apaiser ses douleurs et repartir plus vite
- Se voir administrer un traitement sur une période plus ou moins longue avec des substances plus ou moins fortes
Effectivement, les symptômes sont les effets visibles de causes bien en amont.
Le point clé est de bien identifier la cause : on ne guérit pas d’une maladie avec des anti-douleurs !
Il est nécessaire de remonter à la cause des symptômes pour choisir le traitement adapté. Il ne s’agit pas de prendre des aspirines pour les maux de tête, mais de prendre conseil, de solliciter un professionnel pour ce type de situation. Sauf à être médecin, il faut connaitre ses limites.
3ème réaction : se préparer et prévenir
« Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore »
Knock
La plupart des voyageurs se font vacciner contre les maladies locales avant de partir pour une destination à risque.
Pour éviter une grippe ou une bronchite, chacun se couvre chaudement avant d’aller affronter les froids de l’hiver.
Voilà deux exemples de comportements de prévention.
La prévention a pour but d’empêcher l’arrivée d’une situation symptomatique, dans le but de prévenir l’apparition, la propagation ou l’aggravation d’une maladie. La prévention s’oppose à la thérapie curative qui vise à guérir.
« Prévenir » consiste à préparer les conditions d’une bonne réalisation de l’objectif que l’on s’est fixé.
C’est une démarche tout à la fois active et également prudente. Celui qui engage une action de prévention veille à garder sous contrôle les risques de l’action. Fondamentalement, la prévention renvoie à une dynamique de l’action.
J’aimerais aussi évoquer toutes les personnes souffrant de maladie chronique et qui ont su passer au-delà et en faire une force. Au-delà de la prévention, ce sont des attitudes qui peuvent nous inspirer.
Citons l’exemple de Anais Quemener, diagnostiquée d’un cancer du sein agressif et métastasé. En 2016, quelques mois après sa première opération d’ablation du sein, elle devient championne de France de marathon (2).Quand il constate les premiers signaux négatifs, le chef d’entreprise va-t-il réagir ou attendre la défaillance ?
Les premiers signaux d’une crise en entreprise
Les premiers symptômes, ou plutôt les plus visibles, que peut observer le dirigeant sont bien connus : la baisse de chiffre d’affaires, la perte de rentabilité ou l’insuffisance de trésorerie. Leur récurrence et leur cumul doit être le signal d’alarme le plus puissant.
1ère réaction : attendre l’extrême limite
Dans les entreprises, l’extrême limite se situe à la cessation de paiement. Dans ce cas la procédure est obligatoire, qu’elle soit initiée par un débiteur, un créancier ou saisine d’office. Le traitement est le redressement judiciaire voire même la liquidation.
Mais il faut se rappeler qu’avant la cessation de paiement, les procédures juridiques restent à l’initiative du dirigeant : comme la sauvegarde, lorsqu’elle est possible, ou amiables comme le mandat ad hoc ou la conciliation.
Elles restent à l’initiative du dirigeant sous conditions :
- Il a pris bien pris conscience des signaux d’alerte,
- Et surtout il est parvenu à aller au-delà de ses premières réticences psychologiques.
Mais pourquoi attendre l’extrême limite ?
Alors que dans d’autres pays, l’échec est synonyme d’expérience et d’apprentissage, en France, il est pointé du doigt, considéré comme une faute. Alors bien souvent, le déni est la réaction, volontaire ou non, avec une posture faussement aveugle et des phrases telles que : « ça s’arrangera plus tard !» ou « on verra plus tard ».
Exactement comme le malade qui souffre douloureusement et qui dit « Moi, je ne consulte pas, et je n’irai à l’hôpital qu’au dernier moment »
2ème réaction : prendre conseil avant d’agir
Les signaux d’alerte sont détectés et pris en compte. L’entrepreneur cherche les conseils : expert-comptable, banquier, pair ou consultant. S’il dispose d’une équipe compétente autour de lui, il peut aussi s’appuyer sur elle.
La gestion d’une entreprise en crise, ou en passe de le devenir, est souvent une situation nouvelle pour le dirigeant.
Il ne s’agit alors pas de prendre des aspirines pour soulager des maux de tête, mais de prendre conseil et solliciter des professionnels connaissant bien ce type de situation. Il vaut mieux une petite cure d’antibiotiques de quelques jours, plutôt que de trainer une angine sur plusieurs semaines avec des pastilles pour la gorge.
Un regard compétent extérieur à l’entreprise permet de confirmer le diagnostic, de rechercher les sources des problèmes et de choisir le bon traitement : des conseils, un plan d’actions ou une action de fonds à engager sans attendre.
Reste ensuite à mettre en route le traitement …
Il y a longtemps, pourquoi disait-on « 33 » chez le médecin ? Ce nombre aurait été choisi car lorsqu’on le prononce, il émet des sons graves et des vibrations de la cage thoracique, permettant ainsi de faciliter l’auscultation des poumons. Le fameux « dites 33 » date de l’invention du stéthoscope au début du XIXe siècle. L’apparition des stéthoscopes modernes a rendu inutile cette pratique. Le stéthoscope est une parfaite illustration que pour ausculter, rechercher l’origine d’un symptôme, des outils sont nécessaires. Cela ne s’improvise pas. Savez-vous lire directement le résultat d’un scanner ? De même en entreprise, pour rechercher les causes des difficultés, avant de proposer un traitement, un plan d’actions, il faut disposer des outils, avoir l’expérience de leur utilisation et la capacité à en lire les résultats.
3ème réaction : se préparer et prévenir
En matière d’entreprise, la prévention consiste à mettre en œuvre un système de pilotage adapté (3). Ce système est plus ou moins formel selon la taille de l’entreprise. Il vise à détecter les points de faiblesse et les risques et de mettre en œuvre le nécessaire pour les traiter en temps et en heure.Les difficultés ne seront pas éliminées, elles seront anticipées avant d’entrer dans les situations de crise, telle qu’on les vit dans les situations d’urgence.
Ne met-on pas de la crème solaire pour éviter les coups de soleil ?
Ou en cas de risque cardio-vasculaire, ne préférons-nous pas nous astreindre à une hygiène de vie pour éviter les crises ?
Il faut se souvenir que la première demande du mandataire ou de l’administrateur lorsqu’il intervient dans une entreprise en souffrance est de consulter les éléments de pilotage. Et s’ils n’existent pas, il requiert de les mettre en place.
De même, un investisseur qui entre au capital d’une entreprise, y compris dans une entreprise saine et en développement, va exiger la mise en œuvre d’un système de pilotage pour s’assurer de la viabilité de son investissement. Pourquoi ? C’est évidemment qu’il y va de l’intérêt de l’entreprise !
Pour ma part, j’ai vécu de l’intérieur l’entreprise en difficulté. Cela m’a marqué au point de m’être renseigné, formé … puis d’appliquer les méthodes qui permettent d’éviter cela. C’est là que j’ai compris tout l’intérêt du pilotage.
Pour le dirigeant disposer d’un système de pilotage adapté, performant et équilibré, est le premier mode de prévention. Mais, c’est bien plus encore : c’est aussi un puissant levier de développement.
A l’instar des sportifs, souffrant de maladie chronique et qui dépassent cette situation pour se motiver et aller plus loin, je pense que les entreprises qui réussissent construisent leur pilotage comme un avantage concurrentiel.
En conclusion : un bon système de pilotage, c’est la meilleure approche pour prévenir les difficultés et c’est aussi un formidable moteur de développement.
Liens utiles :
(1) Knock de Jules Romain : https://fr.wikipedia.org/wiki/Knock_ou_le_Triomphe_de_la_m%C3%A9decine (2) Anaïs Quemener, une championne exemplaire : https://running-attitude.com/anais-quemener-une-championne-exemplaire/ (3) Système de pilotage : https://kuberneo.fr/portfolio-item/le-pilotage-dentreprise-kesako/