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8 septembre 2020Ernée, 20 octobre 2020 : Entrepreneurs, osez vraiment piloter
26 octobre 2020Pourquoi un entrepreneur se trouve-t-il à la tête d’une entreprise ?
Les situations pour lesquelles un entrepreneur se trouve à la tête d’une entreprise sont variées. Sans en faire l’inventaire, voici quelques exemples :
- A l’origine, il avait une super idée, il l’a lancée et ça a marché
- Il était salarié et il avait envie d’avoir sa propre boite. Alors il a investi dans une entreprise bien à lui
- L’entreprise était dans la famille et il en a pris la succession
- Parce que c’est l’expert de son domaine, et son expertise lui a permis de prendre la direction de l’entreprise
Mais dans tous ces exemples, pensez-vous que ces entrepreneurs étaient complétement préparés à leur nouveau rôle et qu’ils ont compris ce qu’est la réalité du pilotage d’entreprise ?
Le pilotage d’entreprise est complexe. Piloter une entreprise n’est pas naturel.
Et pour y parvenir, y a-t-il réellement une bonne formation ?
L’un de mes amis entrepreneur cite souvent cette phrase : « on ne nait pas entrepreneur, on le devient ».
D’où cette question :
Être entrepreneur, cela s’apprend-il ?
Pour y répondre, nous pouvons nous appuyer sur un article très éclairant de Nathalie Mourlot, publié sous le titre « Être patron, ça s’apprend ! ». L’article est articulé en 3 chapitres, aux thèmes suivants :
- Les qualités nécessaires pour être patron
- Un panorama de ce qu’apportent les écoles, et
- Les leçons de l’expérience
Je vous en livre plus loin des extraits et des commentaires.
A la suite de cela, j’ajoute un 4ème chapitre « l’autre voie » qui aborde un sujet qui n’a pas été traité : une nouvelle approche pour mettre les dirigeants en capacité de vraiment piloter leur entreprise
1.Les qualités pour être dirigeant
Le postulat de départ de Nathalie Mourlot est que « diriger une entreprise est d’abord une affaire de personnalité et de motivation. C’est également avoir la faculté de prendre des avis et la capacité de faire des synthèses avant de décider par soi-même. Le dirigeant est comme un chef d’orchestre. Il ne joue pas à la place de ses musiciens, mais maîtrise l’ensemble de la partition, et donne le tempo.
7 qualités sont jugées nécessaires pour faire un bon dirigeant.
Les 7 qualités d’un bon dirigeant
Voici quelques extraits qui portent, à mon avis, de véritables idées fortes :
– La hauteur de vue de Karajan
La première chose que l’on demande à un dirigeant, c’est de savoir qu’il est là pour exercer son métier de patron, et pas un autre. Endosser ce costume de généraliste suppose d’acquérir les connaissances de base dans les domaines que l’on ne maîtrise pas et de conserver une vision d’ensemble
– La vision stratégique de Kasparov
Il est capital pour un patron d’être porteur d’une vision pour son entreprise, de formuler les objectifs à moyen et long terme et d’anticiper les étapes à prévoir pour les atteindre.
– La force d’entraînement de Jeanne d’Arc
Tous les bons dirigeants sont dotés d’une dynamique personnelle rayonnante. Ils aiment ce qu’ils font, ils font ce qu’ils aiment, et ils diffusent de l’énergie positive. Ils mettent l’entreprise en tension. Par leur personnalité, leur façon d’être, leur langage corporel, ils savent inciter les gens autour d’eux à bouger, à progresser ensemble vers le cap fixé. La difficulté de l’exercice est décuplée car il est le seul dans la structure à devoir gérer en direct une équipe complètement hétérogène.
– L’intelligence pratique, concrète et intuitive de Colombo
Les grands patrons savent distinguer ce qui est important dans leur business et se polariser sur les quelques points dont dépend la réussite de leur entreprise. Ils s’attachent à comprendre ce qui s’y passe réellement, à tous les échelons.
– La capacité d’écoute et de communication de Mireille Dumas
Un bon dirigeant écoute tout le monde autour de lui : ses clients, ses fournisseurs, ses collaborateurs, ses banquiers… Chacun lui apporte des éléments qui l’enrichissent et l’aident à faire prospérer son entreprise. Un dirigeant doit certes savoir écouter, donc commencer par se taire, mais aussi… parler ! La capacité à donner un feed-back clair à son entourage, à dire les choses, aussi bien positives que négatives, est essentielle
– Le mélange de fierté et d’humilité de Gandhi
Le patron est un animal fier. Parce qu’il a nécessairement une passion pour ses produits, ses clients, son entreprise. C’est quelqu’un qui ne se demande pas ce que l’entreprise peut lui apporter, mais ce qu’il peut apporter à l’entreprise. Fier, le chef se doit aussi d’être… humble. L’humilité est un atout fantastique. Elle permet d’apprécier les succès sans se laisser aveugler, de rester conscient des risques, de ne jamais perdre de vue qu’une entreprise est fragile. Les bons dirigeants savent développer leur structure en la tournant vers la satisfaction du client, la faisant passer avant leur intérêt personnel.
– La maîtrise de la prise de décision de Churchill
Quelle est la part des décisions qui doivent incomber au patron ? C’est une question de style de management. Mais, il est capital qu’il se montre capable de trancher, et de rester ferme ensuite sur le choix qu’il a fait
Seules 2 femmes figurent dans la liste. En dehors de cette considération, je trouve néanmoins pertinent le choix des personnalités pour illustrer ces qualités. Mais vous noterez qu’il en faut 7 ! Qui est capable de réunir toutes ces qualités ?
Nathalie Mourlot annonce ensuite un tonitruant 2ème chapitre « Qu’as-tu appris à l’école, patron ? »
2. Panorama des cursus de formation
Elle affirme qu’on n’apprend certes pas le management sur les bancs de l’école, mais certains cursus de formation continue peuvent aider ceux qui souhaitent progresser.
Qu’est-ce qu’amènent les cursus classiques de formation : lycée, université, grandes écoles ou encore MBA ? De la liste de ce qu’ils peuvent apporter, on déduit que ce sont effectivement des apports mais qu’ils ne sont pas suffisants. Néanmoins l’article partage les témoignages de dirigeants, et certains témoignages sont plutôt pimentés !
Les cursus de formation : témoignages de dirigeants
• « L’école ne vous enseigne pas à devenir patron, mais futur employé de patron »
• « L’ENA enseigne à commander intelligemment à des fonctionnaires »
• « Les cursus de gestion, qu’ils soient suivis en école de commerce ou à l’université présentent l’intérêt d’acclimater les jeunes esprits au monde de l’entreprise, et de leur fournir les premières pierres du profil de généraliste nécessaire à tout dirigeant. Les écoles de commerce contribuent à mettre leurs recrues dans la peau de futurs chefs d’entreprise en leur donnant une sympathique étincelle de défi »
• « J’ai une formation en économie et en psychopathologie. Dans l’exercice de mon métier de patron, la seconde m’a beaucoup plus servi que la première »
• « Dans ce MBA, on nous faisait travailler sur des cas d’entreprise et des jeux de rôles par groupes de six ou sept personnes aux profils très différents. Avec le recul, je me dis que j’ai peut-être plus appris mon métier de patron des conflits qui éclataient dans ces groupes que des cours eux-mêmes, qui étaient pourtant remarquables »
• « Théoriquement, rien n’empêche le patron d’une petite entreprise indépendante de suivre l’un de ces cursus de Executive MBA. En pratique, compte tenu de leur coût et de l’énorme quantité de travail qu’ils exigent en dehors de l’entreprise, ils rassemblent essentiellement des cadres de grands groupes »
En fin de chapitre, il est aussi décrit les programmes pour dirigeants-entrepreneurs. Les meilleurs sont construits autour d’un principe fort : ce sont des « formactions ». Autrement dit, ils ambitionnent d’apporter des réponses aux questions que se posent les patrons participants et des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent dans leurs entreprises. Les dirigeants les apprécient particulièrement de pouvoir échanger entre pairs, dans un lieu neutre où ils ne risquent rien. Est-ce suffisant pour apprendre ce qu’est le rôle de patron et comment piloter une entreprise ?
Arrive alors le 3ème chapitre « L’école de la vie »
3. Les leçons de l’expérience
Ici ce sont les chefs d’entreprise qui s’expriment, ceux qui auraient appris le métier sur le tas, parfois dans la douleur. Les expériences des témoins sont représentatives de la réalité des dirigeants, de ce qu’ils ont vécus, ce qu’ils ont compris. Je vous invite à les lire. Elles sont regroupées en 4 thèmes :
- La famille : elle donne le feu sacré
- Les contre-modèles : leurs bévues vous éclairent
- Les dirigeants-mentors : ils montrent l’exemple
- Vos propres erreurs : une école universelle !
1,2, 3 … Et alors ?
J’apprécie beaucoup cet article car il pose bien le sujet et provoque la réflexion.
Mais autant cet article exprime des principes forts, autant il laisse le sentiment que pour être entrepreneur, il faut être ce super héros ou cette super héroïne :
- Aux qualités incroyables, sans lesquelles nous n’aurions pas la posture du bon dirigeant
- Qui serait passé.e par les écoles de gestion et auraient touché le graal avec l’obtention d’un MBA
Heureusement, ceci est tempéré par ces dirigeants témoins de leur propre apprentissage « sur le tas ».
4. L’autre voie
Alors comment répondre à la question de départ : Être entrepreneur, cela s’apprend-il ?
Certes, il faut des qualités. Et les écoles peuvent fournir une culture généraliste qui sera utile à tout dirigeant. Mais dans tous les cas, le pilotage d’entreprise est complexe. Piloter une entreprise n’est pas naturel.
Il est également impossible de se satisfaire de la réponse de certains, qui disent :
- On apprendra sur le tas
- On a toujours fonctionné comme ça et il n’y a pas de raisons que cela ne continue pas ainsi.
Non, cela ne marche pas comme cela.
Le pilotage, c’est comme une recette de cuisine : si on n’a pas la bonne recette, on n’a pas la bonne méthode, on ne fait pas de bons plats.
Comme il n’existe pas de modèle universel de pilotage d’entreprise, celui-ci doit être spécifique et adapté à chaque entreprise.
Aussi, la meilleure méthodologie consiste en une combinaison de 2, ce qui donne une double assurance :
- Le transfert de méthodes : c’est l’assurance de ne pas tâtonner.
- Associé à une co-construction : pour avoir l’assurance de méthodes complètement personnalisées à l’entreprise.
C’est la seule garantie d’avoir une solution de pilotage efficace et parfaitement cohérent. Ainsi le dirigeant a la capacité d’être ensuite totalement autonome.
Benjamin Franklin nous avait déjà indiqué la bonne approche il y a longtemps :
Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends.
Ensuite, il faut savoir comment aborder et traiter tous les domaines du pilotage.
Je sais bien qu’il n’est pas possible de mettre en place tout seul tous les éléments indispensables au pilotage d’entreprise. Cela peut paraitre difficile au départ, mais lorsque vous avez la méthode, cela se met en place une fois pour toute. Ensuite cela devient récurent. Le dirigeant dispose des bonnes informations et des bons outils pour piloter. Il est en capacité de bien piloter son entreprise.
C’est pour cela que j’ai choisi ce métier de consultant après avoir été 20 ans dirigeant. J’ai moi-même bénéficié de formations et d’accompagnements. A mon tour désormais de partager ces méthodes.
Et je vous assure que c’est un réel plaisir.
Pour aller plus loin :
- L’article de Nathalie Mourlot cité en référence
- Le guide du dirigeant responsable, Frédérique Jeske, éditions Diateino